Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/7

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time et de la faveur qui s’attachaient à son nom. Il accepta d’eux tous les emplois dont ils jugèrent à propos de le charger. Archonte, prêtre d’Apollon, inspecteur des travaux de la ville, quelles que fussent les fonctions dont il était investi, les plus humbles comme les plus relevées, il y porta le même amour du bien, le même zèle, un dévouement à toute épreuve. Il vécut ainsi de longues années, heureux de son propre bonheur et du bonheur de ceux qui l’entouraient, tranquille, s’occupant peu de sa renommée, qui était immense, et écrivant sans effort ces livres qui faisaient les délices de ses contemporains, et qui donnent de son caractère une si haute et si aimable idée.

On ne sait pas l’année de sa mort ; et même, sur ce point, l’incertitude est plus grande encore que sur la date de sa naissance. L’opinion la plus vraisemblable, c’est qu’il mourut quelque temps avant la fin du règne d’Adrien, à l’âge de soixante-douze ou soixante-quinze ans.

Je n’ai pas parlé de ce que conte Suidas, que Plutarque aurait été honoré par Trajan de la dignité consulaire, et qu’un ordre de cet empereur aurait soumis à son autorité tous les magistrats de l’Illyrie. Plutarque, qui a dédié à Trajan un de ses ouvrages, n’y dit rien, ni dans sa dédicace ni ailleurs, qui ait trait à une particularité si remarquable. On a prétendu aussi, sur la foi d’une lettre qu’on attribue à Plutarque, et qui est adressée à Trajan, que Plutarque avait été le précepteur de ce prince. Mais d’abord, cette lettre n’existe qu’en latin, et elle n’a par elle-même aucun caractère d’authenticité. Ensuite, Trajan n’avait que trois ou quatre années de moins que celui qui aurait été chargé, dit-on, de l’éducation de son enfance. Tout ce qu’on peut admettre avec quelque vraisemblance, c’est que Trajan compta au nombre des auditeurs de Plutarque, quand Plutarque faisait à Rome des leçons publiques de philosophie.

Plutarque avait eu, de sa femme Timoxène, cinq enfants, quatre fils et une fille. La fille, nommée Timoxène, comme sa mère, mourut en bas âge. L’un des fils se nommait Plutarque, comme son père ; les trois autres étaient Autobule, Charon et