Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/118

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et cette gloire appartient surtout à Pélopidas. Après qu’on lui eut donné pour la première fois le commandement des troupes, il ne se passa plus une année sans qu’il fût élu chef militaire : il guerroya jusqu’à sa mort soit comme capitaine du bataillon sacré, soit, plus souvent encore, comme béotarque. Les Lacédémoniens furent battus et mis en fuite à Platée, puis à Thespies, où périt Phœbidas, celui qui s’était emparé de la Cadmée par surprise. Pélopidas défit de même un corps considérable près de Tanagre, où il tua de sa main l’harmoste Panthoïdès. Toutefois, si ces rencontres inspiraient aux vainqueurs de la confiance et une bonne opinion d’eux-mêmes, elles n’abattaient nullement le courage des vaincus. Ce n’étaient point des batailles rangées, des affaires où ils déployassent leurs forces, des combats réguliers, mais des courses faites à propos, dans lesquelles, tantôt fuyant, tantôt poursuivant, les Thébains tâtaient l’ennemi, des engagements où ils avaient toujours quelque avantage.

La journée de Tégyre, qui fut en quelque sorte le prélude de celle de Leuctres, mit Pélopidas en grande réputation, parce qu’aucun de ses collègues ne partagea avec lui l’honneur du succès, et qu’il ne laissa aux ennemis nulle excuse pour couvrir leur défaite. La ville d’Orchomène[1] avait embrassé le parti des Lacédémoniens, et avait reçu d’eux, pour sa défense, deux compagnies d’infanterie. Pélopidas avait toujours des desseins sur cette ville, et il épiait l’occasion de les exécuter. Un jour on vient lui dire que la garnison était allée faire une expédition en Locride ; aussitôt, espérant trouver Orchomène sans défenseurs, il prit avec lui le bataillon sacré et quelques chevaux, et se mit en campagne. Mais, comme il approchait de la ville, il se trouva qu’un nouveau

  1. C’était une des villes les plus considérables de la Béotie.