Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/132

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familles. Il les conduisit tous à Thèbes, faisant voir ainsi aux Grecs combien s’était étendue l’influence politique des Thébains par leur réputation de puissance et par la confiance qu’on avait en leur équité. Ce Philippe est celui contre lequel les Grecs eurent dans la suite une guerre à soutenir pour la défense de leur liberté. Ce n’était alors qu’un enfant. Il vécut dans la maison de Pamménès ; c’est pour cela qu’on a cru qu’il avait pris Épaminondas pour modèle. Sans doute il a compris son activité à la guerre, sa promptitude d’exécution à la tête des troupes : ce qui n’était qu’une faible partie du mérite d’Épaminondas ; mais sa tempérance, sa justice, sa grandeur d’âme et sa bonté, qualités qui l’ont fait réellement grand, Philippe n’en eut jamais rien ni par sa nature, ni par l’imitation.

Dans la suite, les Thessaliens se plaignirent de nouveau d’Alexandre de Phères, l’accusant de semer le trouble parmi les villes ; et Pélopidas fut envoyé chez eux en qualité d’ambassadeur avec Isménias. Il s’y rendit sans emmener de Thèbes aucunes troupes ; mais l’urgence des événements le mit dans la nécessité d’employer les Thessaliens. Sur ces entrefaites, les affaires de la Macédoine s’embrouillèrent de nouveau. Ptolémée avait tué le roi, il s’était emparé du gouvernement, et les amis du roi mort appelaient Pélopidas. Il voulait apparaître à l’improviste au milieu des troubles, mais il n’avait pas de troupes à lui ; il leva dans le pays un corps de mercenaires, et marcha droit sur Ptolémée. Lorsqu’ils furent en présence, Ptolémée corrompit les mercenaires à force d’argent, et les décida à passer dans son camp. Cependant, craignant encore le nom et la réputation de Pélopidas, il vint au-devant de lui comme au-devant d’un supérieur, l’entoura d’égards et de prières, et lui jura de conserver, le pouvoir pour les frères du roi mort, et d’avoir les mêmes amis et les mêmes ennemis que les Thébains.