Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/140

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Arrivé à Pharsale, il rassembla l’armée et marcha droit à Alexandre. Celui-ci, voyant que Pélopidas avait avec lui peu de Thébains, et ayant lui-même une infanterie double de celle des Thessaliens, se porta à sa rencontre vers le temple de Thétis. On disait alors à Pélopidas que le tyran arrivait avec de grandes forces : « Tant mieux ! répondit-il, nous vaincrons d’autant plus de monde. » Les deux armées avaient pris position près des Cynoscéphales[1] : ce sont des collines qui se dressent en face les unes des autres, fort élevées et d’une pente roide de tous les côtés ; les deux chefs lancèrent leur infanterie pour les occuper. En même temps, Pélopidas jeta, sur la cavalerie ennemie, sa cavalerie qui était nombreuse et vaillante. Mais, au moment où il rompait et mettait en fuite les cavaliers, et les poursuivait dans la plaine, on vit Alexandre, maître des hauteurs, fondre sur l’infanterie thessalienne, qui arrivait trop tard. Elle s’efforçait de gravir ces pentes roides et escarpées ; les premiers furent tués, les autres recevaient des blessures sans obtenir aucun succès. Ce que voyant, Pélopidas rappela sa cavalerie et lui donna ordre de charger les ennemis qui tenaient en bataille ; et lui-même, saisissant son bouclier, il courut se jeter soudain au milieu de ceux qui combattaient autour des collines, et poussa de la queue à la tête. Sa présence redoubla tellement la force et l’ardeur des siens qu’il semblait aux ennemis avoir en tête des troupes toutes nouvelles de corps et d’âme. Ils soutinrent pourtant deux ou trois charges ; mais enfin, lorsqu’ils virent que l’infanterie continuait à monter vigoureusement, et que la cavalerie revenait de la poursuite des fuyards, alors ils cédèrent et se retirèrent. Du haut de la colline, Pélopidas vit toute l’armée ennemie, non en pleine déroute encore, mais en désordre et dans

  1. Ce mot signifie têtes de chiens.