Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/17

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pérances et des promesses flatteuses, que pour les engager à changer de maître, ils suspectaient les intentions des Corinthiens, et repoussaient leurs avances. Il n’y eut qu’une exception, ce furent les Adranites, qui habitaient une petite ville consacrée au dieu Adranus, divinité qui est en singulière vénération dans toute la Sicile ; mais ils étaient divisés entre eux : les uns appelaient Icétas et les Carthaginois ; les autres avaient déjà député vers Timoléon.

Il se rencontra, par un effet du hasard, que les deux généraux, dans leur empressement réciproque, arrivèrent en même temps devant la place. Mais Icétas avait cinq mille soldats, tandis que Timoléon n’en comptait guère que douze cents. C’est avec cette troupe qu’il était parti de Tauroménium, éloignée d’Adrane de trois cent quarante stades[1]. Il avait fait peu de chemin la première journée, et s’était arrêté de bonne heure. Mais le lendemain il précipita sa marche, malgré la difficulté des chemins ; et, sur la fin du jour, il apprit qu’Icétas ne faisait que d’arriver devant Adrane, et qu’il plaçait son camp. Les capitaines et les chefs de bandes font faire halte aux corps avancés, afin qu’ils prennent leur repas et se reposent quelque temps, pour marcher ensuite à l’ennemi avec plus d’ardeur. Mais Timoléon court dans tous les rangs, priant ses officiers de renoncer à ce dessein, et de pousser en avant tout d’une traite, pour tomber sur les ennemis dans le désordre d’une première arrivée, et au moment où ils étaient empêchés à dresser leurs tentes et à préparer leur souper. Et, tout en parlant, il prend son bouclier, et marche le premier comme à une victoire certaine ; et tous s’élancent après lui, encouragés par son exemple. Il leur restait à peine trente stades[2] à franchir pour at-

  1. Environ dix-sept lieues.
  2. Environ une lieue et demie.