Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/208

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la journée en fêtes et en réjouissances ; car ils célébraient alors les fêtes Hyacinthies. Mais la nuit ils choisirent cinq mille Spartiates, qui prirent chacun sept Hilotes, et ils les firent partir, sans en rien dire aux députés d’Athènes. Lorsque Aristide se présenta de nouveau au conseil et y recommença ses plaintes, les éphores lui dirent en riant qu’il radotait sans doute ou qu’il dormait ; que leur armée était déjà à Orestium[1], et marchait contre les étrangers : c’est le nom que les Lacédémoniens donnaient aux Perses. « Vos plaisanteries, dit Aristide, ne sont pas de saison ; c’est l’ennemi qu’il faut tromper, et non pas vos amis. » Tel est le récit d’Idoménée ; mais, dans le décret, Aristide n’est pas nommé au nombre des députés, mais seulement Cimon, Xanthippe et Myronide.

Élu général avec de pleins pouvoirs, pour la bataille qui devait se donner, il prit huit mille hoplites athéniens et se rendit à Platée. Il y fut joint par Pausanias, commandant de toutes les forces de la Grèce, qui amenait avec lui les Spartiates ; les autres troupes grecques arrivaient successivement en foule. L’armée des Barbares, campée le long de l’Asopus, occupait une si vaste étendue de terrain, qu’elle ne s’était pas même retranchée ; elle avait seulement placé les bagages et les objets les plus précieux dans un espace carré fermé d’une muraille dont chaque côté avait dix stades de longueur[2]. Un devin d’Élis, nommé Tisamène, avait prédit à Pausanias et à tous les Grecs en général qu’ils remporteraient la victoire s’ils se bornaient à la défense, et qu’ils s’abstinssent d’attaquer. Aristide, de son côté, avait envoyé consulter l’oracle de Delphes : le dieu répondit que les Athéniens triompheraient des ennemis s’ils faisaient des prières à Jupiter, à Junon Cithéronienne, à Pan et aux

  1. Dans l’Arcadie, au pied du Ménale.
  2. Environ une demi-lieue.