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CIMON.

était aussi agréable que fertile. Le peuple, par reconnaissance, lui permit de dresser dans la ville trois Hermès de marbre, avec les inscriptions suivantes. On lisait sur le premier :

Eux aussi ils étaient braves, ceux qui jadis
Dans Éione, sur les rives du Strymon, ont fait sentir aux enfants des Mèdes
Et la brûlante famine, et les fureurs de Mars ;
Ceux qui les premiers ont réduit les ennemis au désespoir.


On lisait sur le second :

Voilà la récompense que les généraux ont reçue des Athéniens,
Pour prix de leurs exploits et de leurs nobles services.
Tous, à ce spectacle, jusque dans la postérité, se sentiront un plus vif désir
De combattre pour le salut de la patrie.


Il y avait sur le troisième :

C’est de cette ville que jadis Ménesthée, compagnon des Atrides,
Emmena son armée vers les champs sacrés de Troie.
Homère a dit de lui[1] qu’entre tous les Grecs couverts de la cuirasse
Il excellait à ranger ses soldats en bataille.
Comme lui les Athéniens ont mérité le renom
D’habiles dans l’art militaire et de braves dans l’action.


Ces inscriptions, bien que le nom de Cimon n’y paraisse nulle part, étaient, aux yeux des hommes de ce temps, le comble de l’honneur : ni Thémistocle ni Miltiade n’avaient jamais rien obtenu de semblable ; et même Miltiade, demandant qu’on lui décernât une couronne d’olivier, Socharès de Décélie se leva du milieu de l’assemblée, combattit cette demande, et prononça ces mots

  1. Dans le deuxième livre de l’Iliade, vers 553.