Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/221

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d’empressement que de libéralité, aux frais de construction du tombeau.

Il s’éleva, à la mort d’Alexandre, une vive dispute entre la phalange macédonienne et les compagnons du roi. Eumène, porté d’inclination pour ceux-ci, affectait néanmoins, dans ses discours, une neutralité, convenable, disait-il, à un simple particulier, qui, en sa qualité d’étranger, ne devait pas se mêler des disputes des Macédoniens. Les autres chefs étant sortis de Babylone, il resta dans la ville, se mit avec succès à adoucir les soldats, et les disposa à un accommodement. Puis, après l’entrevue des généraux et la pacification des premiers troubles, quand on se partagea les gouvernements de provinces et les commandements d’armées, Eumène eut la Cappadoce, la Paphlagonie, et toute la côte baignée par la mer du Pont, jusqu’à Trapézonte[1]. Ce pays n’était pas encore sous la domination des Macédoniens. Ariarathe en était roi ; mais Léonnatus et Antigonus étaient chargés d’y conduire Eumène, avec une armée considérable, et de l’établir satrape de la contrée.

Antigonus n’eut aucun égard à ce que lui avait écrit Perdiccas ; car il se livrait déjà à ses projets ambitieux, et méprisait tout le monde. Léonnatus entreprit cette conquête pour Eumène, et descendit en Phrygie ; mais Hécatée, tyran de Cardie, l’y vint trouver, et le pria de porter plutôt secours à Antipater et aux Lacédémoniens, assiégés dans Lamia[2]. Il consentit à cette demande, pressa Eumène de l’y accompagner, et voulut le réconcilier avec Hécatée ; car il y avait, entre Eumène et le tyran, une défiance mutuelle, suite des démêlés politiques de leurs pères. Souvent Eumène avait accusé ouvertement Hé-

  1. Colonie de Sinope, sur la côte méridionale du Pont-Euxin : c’est aujourd’hui encore la ville de Trébizonde.
  2. Ville de Thessalie.