Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/318

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nondas, en reprenant ses paroles, si tu laisseras libre la Laconie. » Agésilas s’emporta si fort, et il fut si satisfait de ce prétexte, qu’il effaça aussitôt du traité de paix le nom des Thébains, et leur déclara la guerre. Quant aux autres Grecs, il les invita à se retirer après avoir signé leurs conventions, et à s’en remettre à la paix de ce qui pouvait se guérir, et à la guerre de ce qui était incurable ; car il était difficile de purger et de terminer toutes les choses en discussion.

En ce temps-là Cléombrotus se trouvait dans la Phocide avec une armée ; les éphores lui envoyèrent sans retard l’ordre de marcher sur les Thébains. Ils dépêchèrent de tous côtés des députés chargés de rassembler » leurs alliés, qui ne montraient guère d’ardeur et qui, ne faisant cette guerre que contre leur gré, n’osaient cependant pas encore refuser aux Lacédémoniens leurs services et leur obéissance. Une foule de présages sinistres précédèrent cette guerre, comme il a été écrit dans la Vie d’Épaminondas[1], et le Lacédémonien Prothoüs s’opposait à l’expédition : néanmoins Agésilas ne relâcha rien de sa résolution, et il fit décréter la guerre. Il espérait que, la Grèce aidant, alors qu’elle était toute indépendante et que l’on avait mis les Thébains hors du traité, c’était le moment de se venger d’eux. Ce qui prouve que cette expédition fut entreprise par colère plus que par réflexion, c’est la précipitation qu’on y mit : les articles du traité avaient été signés dans Lacédémone le quatorze du mois Scirrophrion[2], et, à vingt jours de là, le cinq Hécatombéon[3], eut lieu la défaite de Leuctres. Il y périt mille Lacédémoniens, et le roi Cléombrotus, et, autour de lui, les Spartiates les plus

  1. Cette Vie n’existe plus.
  2. Correspondant, pour la plus grande partie, à notre mois de juin.
  3. À peu près notre juillet.