Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/37

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LUCULLUS.


(De l’an 115 à l’an 49 avant J.-C.)

L’aïeul de Lucullus était personnage consulaire ; et Métellus, surnommé Numidicus, fut son oncle maternel. Quant à ses parents, son père fut convaincu de péculat, et Cécilia, sa mère, eut une mauvaise réputation, comme ayant mené une vie déréglée. Lucullus, dans sa première jeunesse, avant d’avoir exercé aucune charge et mis la main aux affaires publiques, signala son début dans le monde par une action d’éclat : il poursuivit en justice, pour cause de concussion, l’augure Servilius, l’accusateur de son père : démarche qui lui fit le plus grand honneur aux yeux des Romains ; on ne parlait de cette accusation que pour lui en faire un titre de gloire. Et en effet, on tenait pour honorables les accusations qui n’avaient même pas de motif personnel ; et l’on aimait voir les jeunes gens s’acharner à la poursuite des coupables, comme les chiens après des bêtes sauvages. Cette affaire fut suivie de part et d’autre avec tant d’animosité, qu’il y eut des gens blessés et tués dans les débats : du reste, Servilius fut absous.

Lucullus était homme d’étude, et parlait avec facilité l’une et l’autre langue[1]. Aussi est-ce à lui que Sylla dédia les Mémoires de sa vie, comme à celui qui était le plus capable d’en rédiger les faits et de leur donner la forme d’histoire. Son éloquence n’était pas seulement ce

  1. La grecque et la latine.