Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/373

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Campé d’abord sur une montagne forte d’assiette, et où il n’était pas facile de l’attaquer, il abandonna cette position, parce qu’il y manquait d’eau. Pompée s’en saisit aussitôt ; et, conjecturant par la nature des plantes qu’elle produisait et par les ravins qui la coupaient en plusieurs endroits, qu’il devait y avoir des sources, il fit creuser partout des puits, et dans peu de temps le camp eut de l’eau en abondance. Aussi Pompée s’étonnait-il que Mithridate fût resté tout le temps sans se douter d’un tel avantage. Il alla ensuite se poster autour de l’ennemi, et l’environna d’une muraille de circonvallation. Mais Mithridate, qu’il tenait assiégé depuis quarante-cinq jours, se sauva sans être aperçu, avec l’élite de son armée, après avoir fait tuer les personnes inutiles et les malades.

Pompée se mit à sa poursuite, l’atteignit près de l’Euphrate, et campa dans son voisinage. Craignant qu’il ne se pressât de passer le fleuve, il fit marcher au milieu de la nuit son armée en ordre de bataille. C’était, à ce qu’on assure, l’heure même où Mithridate avait eu, pendant son sommeil, une vision qui lui présageait sa destinée. Il lui semblait faire voile sur la mer de Pont par un vent favorable : arrivé en vue du Bosphore, et ne doutant plus de son salut, il s’en réjouissait avec ceux qui étaient dans le vaisseau, quand tout à coup il se trouva privé de tout secours et emporté au hasard sur un mince débris du navire. Il était encore tout agité de ce songe, au moment où ses amis entrèrent dans sa tente pour le réveiller, et lui apprendre que Pompée était là. Il lui fallait à toute force combattre pour défendre son camp ; ses généraux firent prendre les armes aux troupes, et les rangèrent en bataille.

Pompée, averti qu’on se préparait à le recevoir, n’osait risquer un combat nocturne ; il voulait se borner à les envelopper, pour empêcher qu’ils ne prissent la fuite, et