Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/377

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pienne. Ces derniers accordèrent d’abord le passage que Pompée leur avait demandé ; mais, l’hiver ayant surpris son armée dans leur pays, les Barbares profitèrent de cette circonstance et du moment où les Romains célébraient la fête des Saturnales, pour les venir attaquer : ils étaient au nombre de quarante mille au moins. Ils passèrent le fleuve Cyrnus[1], qui prend sa source dans les montagnes d’Ibérie, et, après avoir reçu l’Araxe, lequel descend de l’Arménie, se jette par douze embouchures dans la mer Caspienne. D’autres prétendent que le Cyrnus ne reçoit pas l’Araxe ; que l’Araxe a son cours séparé près du Cyrnus, et se décharge dans la même mer. Pompée eût pu s’opposer au passage des ennemis ; mais il les laissa traverser sans obstacle, puis il les chargea brusquement, les mit en déroute, et en fit un grand carnage. Leur roi eut recours aux prières, et envoya des ambassadeurs à Pompée, qui lui pardonna son injustice, et fit la paix avec lui. Pompée marcha alors contre les Ibères, aussi nombreux et plus aguerris que les Albaniens, et qui brûlaient de servir Mithridate et de repousser Pompée. Les Ibères n’avaient jamais été soumis ni aux Mèdes, ni aux Perses ; ils avaient même évité l’empire des Macédoniens, parce qu’Alexandre était parti précipitamment de l’Hyrcanie. Pompée les vainquit dans un grand combat, leur tua neuf mille hommes, et fit plus de dix mille prisonniers. De là, il se jeta dans la Colchide, où Servilius vint le joindre à l’embouchure du Phase, avec les vaisseaux qui lui servaient à garder le Pont-Euxin.

La poursuite de Mithridate, qui s’était caché parmi les nations du Bosphore[2] et des Palus-Méotides, offrait de

  1. Il y a ici quelque faute ; et il est probable que Plutarque veut parler du Cyrus.
  2. Il s’agit du Bosphore Cimmérien, qui forme la communication des Palus-Méotides avec le Pont-Euxin.