Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/399

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reste de leur conduite ; et d’abord, comme le peuple voulait élever Caton à la préture, au moment où l’on allait donner les suffrages, Pompée rompit l’assemblée, sous prétexte qu’il avait eu quelque augure défavorable ; les tribuns furent corrompus à prix d’argent, et les consuls portèrent à la préture Antias et Vatinius. Ils firent ensuite proposer, par le tribun du peuple Trébonius, les décrets dont on était convenu à Lucques : l’un continuait à César pour cinq ans les gouvernements dont il était déjà pourvu ; un second donnait à Crassus la Syrie et la conduite de la guerre contre les Parthes ; le troisième attribuait à Pompée le gouvernement de l’Afrique tout entière et des deux Espagnes, avec quatre légions : il en prêta deux à César, qui les lui demanda pour la guerre des Gaules. Crassus, à la fin de son consulat, partit pour son gouvernement. Pompée resta pour la dédicace de son théâtre, et fit célébrer, dans les fêtes de la consécration, des jeux gymniques, des chœurs de musique, et des combats d’animaux, où il y eut cinq cents lions tués ; la cérémonie fut terminée par un combat d’éléphants, le plus terrible des spectacles.

Pompée s’était concilié, par cette magnificence, l’admiration et la bienveillance du peuple ; mais il redevint l’objet de son envie, non moins qu’auparavant, quand on le vit abandonner à ceux de ses lieutenants qu’il affectionnait le plus, ses armées et ses gouvernements, tandis qu’il passait son temps en Italie, à se promener avec sa femme dans ses maisons de plaisance, soit qu’il fût amoureux d’elle, ou, qu’en étant tendrement aimé, il n’eût pas la force de s’en séparer, car on en donne cette dernière raison. Il n’était bruit, en effet, que de l’attachement de Julie pour Pompée ; non qu’il fût d’âge à être aimé passionnément : cette tendresse s’explique par la sagesse du mari, qui n’aimait point d’autre femme que la sienne ; par sa gravité naturelle, qui n’avait rien