Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/556

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quoi qu’il en soit, César, en se présentant aux comices, sous la sauvegarde de Crassus et de Pompée, tut nommé consul avec beaucoup d’éclat ; et on lui donna pour collègue Calpurnius Bibulus. À peine entré dans l’exercice de sa charge, il publia des lois dignes, non d’un consul, mais du tribun le plus audacieux. Il proposa, par le seul motif de plaire au peuple, des partages de terres et des distributions de blé. Les premiers et les plus gens de bien du Sénat tirent une vive opposition ; et César, qui depuis longtemps ne cherchait qu’un prétexte, protesta hautement que c’était malgré lui qu’on le poussait vers le peuple ; que c’était l’injustice et la dureté du Sénat qui le forçaient de faire la cour à la multitude ; et sur-le-champ il s’élança au Forum. Là, ayant à ses côtés Crassus et Pompée, il leur demanda à haute voix s’ils approuvaient les lois qu’il venait de proposer. Sur leur réponse affirmative, il les exhorta à le soutenir contre ceux qui le menaçaient de résister l’épée à la main. Ils le lui promirent tous deux ; Pompée ajouta même qu’il viendrait armé de l’épée pour le défendre contre leurs épées, et couvert de son bouclier. Cette parole déplut à l’aristocratie : on la trouvait peu convenable au respect qu’il se devait à lui-même, aux égards qu’il devait au Sénat, et digne tout au plus d’un jeune homme emporté ; quant au peuple, il en eut une grande joie.

César, pour s’assurer de plus en plus la puissance de Pompée, lui fiança sa fille Julie, déjà fiancée à Servilius Cépion ; et il promit à Servilius de lui donner la fille de Pompée, qui elle-même n’était pas libre, ayant été promise à Faustus, fils de Sylla. Peu de temps après, César épousa Calpurnia, fille de Pison, et fit désigner celui-ci consul pour l’année suivante. Caton ne cessait de se récrier, et de protester en plein Sénat contre l’impudence avec laquelle on prostituait l’empire par des mariages ; contre ce trafic de femmes par lequel on gagnait qui des