Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/619

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bruit à la porte de sa tente ; et, en regardant à la clarté d’une lampe prête à s’éteindre, il aperçut un spectre horrible, d’une grandeur démesurée et d’une figure hideuse. Brutus fut d’abord saisi d’effroi ; mais, quand il vit que le spectre, sans faire aucun mouvement et sans rien dire, se tenait en, silence auprès de son lit, il lui demanda qui il était. « Brutus, lui répondit le fantôme, je suis ton mauvais génie ; et tu me verras à Philippes. — Eh bien ! reprit alors Brutus d’un ton assuré, je t’y verrai ! » Et aussitôt le spectre disparut. Quelque temps après, à la bataille de Philippes, contre Antoine et César, Brutus, vainqueur à la première attaque, renversa tout ce qui se trouvait devant lui, poursuivit les ennemis en déroute, et pilla le camp de César, il se préparait à un second combat, lorsque le même spectre lui apparut encore la nuit, et sans proférer une seule parole. Brutus comprit que son destin était accompli, et se jeta tête baissée au milieu du danger. Cependant il ne périt pas dans le combat : ses troupes ayant été mises en fuite, il se retira sur une roche escarpée, où il se tua, en se jetant sur son épée, aidé, dit-on, d’un de ses amis, qui appuya le coup pour le rendre mortel.




(Le parallèle d’Alexandre et de César n’existe plus).