Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/657

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gères à Salamine. Il fit plus encore ; car Philomédès de Lampres[1] ayant fait un décret qui ordonnait à tous les Athéniens de prendre les armes et d’obéir à Phocion, leur général, il en différa l’exécution jusqu’à ce que Nicanor fût sorti, avec ses troupes, de la forteresse de Munychie, et eût environné le port de tranchées. Alors Phocion voulut faire marcher les Athéniens contre Nicanor ; mais ils se soulevèrent, et refusèrent de le suivre.

Sur ces entrefaites, arriva à Athènes Alexandre, fils de Polyperchon, à la tête d’une armée, sous prétexte de secourir la ville contre Nicanor, mais, en réalité, pour s’en emparer lui-même, s’il était possible, en profitant de la division qui y régnait. Les bannis qui l’avaient suivi entrèrent dans Athènes, une multitude d’étrangers et de gens notés d’infamie se joignirent à eux ; et ils tinrent une assemblée, composée d’hommes de toute espèce, sans ordre ni discipline, dans laquelle ils déposèrent Phocion, et élurent d’autres généraux. Si Alexandre n’eût pas été vu s’entretenant avec Nicanor au pied de la muraille, et que leurs fréquentes entrevues n’eussent pas fait naître quelque soupçon, jamais Athènes n’aurait échappé à ce danger. Mais, l’orateur Agnonidès s’étant aussitôt déclaré contre Phocion, et l’ayant accusé de trahison, Callimèdon et Périclès[2], qui craignaient le même sort, s’empressèrent de sortir de la ville ; et Phocion, avec ceux de ses amis qui étaient restés, se rendit auprès de Polyperchon. Solon de Platée et Dinarchus de Corinthe, qu’on regardait comme les amis particuliers de Polyperchon, voulurent l’accompagner, pour lui être agréable ; mais Dinarchus tomba malade en chemin, et ils furent

  1. Dème de l’Attique.
  2. On pense qu’il faut lire plutôt Chariclès, le gendre de Phocion, dont le nom se trouve en effet cité un peu plus bas avec celui de Callimédon.