Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/165

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ses lois et son gouvernement. Il fit des sacrifices aux dieux, et s’en retourna le troisième jour, sur les nouvelles qu’il reçut que la guerre était allumée en Macédoine, et que les Barbares y mettaient tout à feu et à sang. D’ailleurs il était déjà atteint d’une maladie grave, qui dégénéra en une phthisie générale et une entière dissolution du sang. Mais, néanmoins, il ne se laissa point maîtriser par la violence du mal : il conserva assez de forces pour livrer de nouveaux combats dans son propre royaume, et pour mourir glorieusement, après avoir vaincu et taillé en pièces les Barbares. Phylarque écrit, et la chose est assez vraisemblable, que, dans la chaleur du combat, il fit de si grands efforts de voix, que ses poumons en crevèrent. Et l’on disait dans les écoles qu’après la victoire, comme il criait avec force, transporté de joie : « Ο la belle journée ! » il fut pris d’une hémorragie, suivie d’une fièvre tente dont il mourut. Voilà pour ce qui regarde Antigonus.

Cléomène, étant parti de Cythère, relâcha dans l’île d’Égialée[1]. Comme il se disposait à passer à Cyrène[2], Thérycion, un de ses amis, qui dans les combats avait fait preuve d’un grand courage, et dont les discours respiraient la fierté, le prenant à part : « Ο roi, dit-il, nous avons fui l’un et l’autre la mort qui nous eût été la plus honorable, celle que nous offrait le champ de bataille, bien qu’auparavant nous eussions toujours dit que jamais Antigonus ne triompherait du roi des Spartiates, sinon après sa mort. Mais il nous en reste une autre, qui, après celle-là, est la seconde en gloire et en vertu. Quel but raisonnable peut avoir notre navigation ? Pourquoi fuir la mort qui est si près de nous, « pour l’aller chercher au loin ? S’il n’est pas honteux à

  1. Entre le Péloponnèse et la Crète.
  2. En Afrique.