Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/344

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leurs maux et pour leurs souffrances, la générosité avec laquelle il fournissait à leurs besoins, rendirent les blessés et les malades plus empressés à lui obéir que ne l’étaient ceux qui jouissaient d’une bonne santé.

Les ennemis, fatigués, se disposaient à cesser leur poursuite ; mais cette victoire ranima tellement leur courage, et leur inspira tant de mépris pour les Romains, qu’ils passèrent la nuit autour du camp d’Antoine, persuadés que le lendemain ils trouveraient les tentes désertes, et pourraient en piller toutes les richesses. Aussi, dès la pointe du jour, parurent-ils en bien plus grand nombre que les jours précédents : ils n’étaient, dit-on, pas moins de quarante mille chevaux ; le roi y avait même envoyé jusqu’à sa garde, comme à une victoire certaine, et qui ne pouvait leur échapper ; quant à lui, il ne se trouva jamais en personne à aucun combat. Antoine, voulant haranguer ses soldats, demanda une robe noire, afin d’exciter davantage leur compassion ; mais ses amis s’y opposèrent. Il sortit donc avec sa cotte d’armes de général, et fit un discours dans lequel il loua fort ceux qui avaient vaincu l’ennemi, et fit de vifs reproches à ceux qui avaient pris la fuite. Les premiers l’exhortèrent à avoir confiance en eux ; les autres, pour se justifier, s’offrirent volontairement à être décimés, ou à subir à son gré une punition quelconque, le conjurant seulement de bannir la tristesse et le chagrin qu’ils lui avaient causés. Ce que voyant Antoine, il leva les mains au ciel, et demanda aux dieux que, si ses prospérités passées devaient être contre-balancées par quelque malheur, ils le fissent tomber sur lui seul, et donnassent à son armée salut et victoire.

Le lendemain, après avoir fortifié leurs flancs, les Romains se remirent en marche. Quand les Parthes se présentèrent pour les charger, ils trouvèrent tout autre chose que ce qu’ils attendaient : au lieu de marcher, comme ils