Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/442

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dats, pour prévenir l’arrivée de Dion, eurent recours au moyen de destruction le plus rapide, le feu, brûlant à l’aide de torches et de flambeaux tout ce qui était à leur portée, et lançant sur les maisons éloignées des traits enflammés. Les Syracusains qui fuyaient pour se soustraire à l’incendie étaient arrêtés et égorgés dans les rues ; ceux qui se réfugiaient dans les maisons en étaient chassés par les flammes ; plusieurs édifices embrasés tombaient sur les passants, et les écrasaient.

Cet incendie ramena tous les esprits à un même sentiment, et ouvrit à Dion les portes de la ville. Depuis qu’il avait appris que les ennemis s’étaient renfermés dans la citadelle, il avait ralenti sa marche ; mais le matin des cavaliers allèrent au-devant de lui pour l’informer que les ennemis s’étaient de nouveau répandus dans la ville ; et, peu de temps après, quelques-uns de ses adversaires mêmes vinrent le prier de se hâter. Comme le mal allait croissant, Héraclide lui dépêcha d’abord son frère, puis Théodotès, son oncle, pour le conjurer de venir promptement à leur secours, n’y ayant plus personne en état de faire tête à l’ennemi, étant lui-même blessé, et la ville presque entièrement ruinée et réduite en cendres. Ces nouvelles furent apportées à Dion comme il était encore à soixante stades[1] des portes de la ville : il informa d’abord ses soldats du pressant danger où était Syracuse ; et, après leur avoir donné ses ordres, il les mena, non plus lentement, mais en toute hâte, recevant courrier sur courrier qui le pressaient de faire diligence. Ses soldats montrèrent tant d’ardeur et pressèrent si bien leur marche, qu’il arriva en peu de temps aux portes de la ville, et entra dans le quartier appelé Hécatompédon. Là,

  1. Environ trois lieues.