Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/447

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vers Syracuse, résolu de s’emparer de la ville, et de lui en défendre l’entrée.

Il choisit aussitôt les plus braves et les plus dispos d’entre ses cavaliers, et marcha toute la nuit avec tant de diligence, qu’il arriva aux portes de Syracuse vers la troisième heure du jour, après avoir fait sept cents stades[1]. Héraclide, voyant qu’il était demeuré en arrière malgré sa célérité, et qu’il avait manqué son entreprise, retourna sur ses pas. Il errait de côté et d’autre, ne sachant à quoi s’arrêter, lorsqu’il rencontra Gésylus le Spartiate, qui lui dit être envoyé de Lacédémone pour commander les Siciliens, comme avait fait autrefois Gylippe. Héraclide le reçut avec joie, et se l’attacha, pour ainsi dire, comme un préservatif contre Dion : il le montra avec complaisance aux alliés, et envoya un héraut aux Syracusains, pour les sommer de recevoir le Spartiate pour commandant. « Syracuse, répondit Dion, ne manque pas de généraux ; et, si l’état des affaires exige absolument un Spartiate pour chef, c’est moi-même qui dois commander, ayant été honoré par les Spartiates du droit de cité. » Sur cette réponse, Gésylus renonça au commandement : il se rendit auprès de Dion, et ménagea la réconciliation d’Héraclide avec lui, sous les serments les plus sacrés et les assurances les plus grandes, qu’Héraclide donna pour garantie de sa fidélité. Gésylus intervint dans cette promesse, et jura qu’il vengerait Dion et punirait lui-même Héraclide, si jamais il devenait parjure.

Dès ce moment, les Syracusains licencièrent leurs troupes de mer ; car, outre qu’elles leur devenaient inutiles, c’était encore un grand sujet de dépense pour ceux qui faisaient ce service, et un prétexte continuel de séditions pour les commandants ; ils travaillèrent ensuite à la reconstruction de la muraille qui enfermait la

  1. Environ trente-cinq lieues.