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PLUTARQUE.


PARALLÈLES, OU VIES COMPARÉES.




DÉMOSTHÈNE.


(De l’an 381 à l’an 322 avant J.-C.)

Celui qui a composé le chant en l’honneur de la victoire remportée par les coursiers d’Alcibiade aux jeux d’Olympie, soit Euripide, comme on le tient communément, soit quelque autre, prétend, mon cher Sossius[1], que la première condition du bonheur, c’est d’être citoyen d’une ville renommée. Moi, au contraire, je pense que, pour l’homme qui aspire à la félicité véritable, laquelle consiste presque toute dans les dispositions de notre âme, il est tout aussi indifférent d’être né dans une patrie pauvre et obscure, que d’avoir une mère laide et de taille chétive. Il serait ridicule, en effet, d’aller s’imaginer qu’Iulis, qui n’est qu’une petite partie d’une île peu considérable, celle de Céos, ou qu’Égine, qu’un

  1. Sossius Sénécion, le même auquel Plutarque a déjà adressé les Vies de Thésée et de Romulus, qui sont dans le premier volume.