Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/586

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tèrent aussitôt le parti d’Antigonus, et se joignirent à Aratus ; et les Trézéniens, ainsi que les Épidauriens, entrèrent dans la ligue achéenne.

Aratus, à sa première sortie, se jeta dans l’Attique, et passa ensuite à Salamine : il mit cette ville au pillage, et se servit des Achéens comme d’un corps de troupes qu’il aurait tiré de prison pour l’employer à tout ce qu’il voulait entreprendre. Mais il renvoya sans rançon les prisonniers athéniens, afin de jeter dans Athènes des semences de révolte contre les Macédoniens. Il attira dans la ligue achéenne le roi Ptolémée[1], en lui laissant le commandement des troupes de terre et de mer ; et ce trait de politique acquit à Aratus une telle autorité parmi les Achéens que, ne pouvant l’élire chef militaire tous les ans, parce que la loi s’y opposait, ils le nommaient à cette charge de deux années l’une ; mais Aratus, par l’influence que lui donnaient ses actions et ses conseils, était réellement perpétué dans le gouvernement. Car on voyait que ni les richesses, ni la gloire, ni l’amitié des rois, ni l’intérêt de sa propre patrie, en un mot qu’aucun bien n’était à ses yeux préférable à l’accroissement de la ligue achéenne. Il pensait, et non sans raison, que des villes faibles par elles-mêmes, en se liant ensemble par un intérêt commun, se conservent au moyen de cette union réciproque. En effet, de même que les parties du corps humain tirent leur aliment et leur vie de l’union qu’elles ont entre elles, mais, dès qu’elles sont séparées, ne prennent plus de nourriture et finissent par se détruire ; de même aussi tout ce qui rompt la société des villes les conduit à leur dissolution : au lieu qu’elles s’accroissent lorsque, devenues parties d’un corps puissant, elles participent aux avantages d’une sagesse commune.

Aratus, qui voyait les principaux d’entre les peuples

  1. Ptolémée Évergète.