Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/598

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Athènes, pour rendre à la ville cet important service. Arrivé là, il finit par persuader à Diogénès, qui commandait la garnison, de remettre aux Athéniens, moyennant la somme de cent cinquante talents[1], dont il s’engageait à en fournir vingt[2] de son bien propre, le Pirée, Munychie, Salamine et Sunium. En même temps, les Éginètes et ceux d’Hermione entrèrent dans la ligue des Achéens, et la plupart des villes d’Arcadie suivirent leur exemple. Les Macédoniens, qui étaient alors occupés de guerres avec leurs voisins, ne purent s’y opposer ; la puissance des Achéens s’en trouva considérablement augmentée, ainsi que par l’alliance des Étoliens.

Aratus, qui n’avait point perdu de vue son ancien projet, et qui souffrait de voir si près de lui la tyrannie établie à Argos, envoya vers Aristomachus, pour lui proposer de remettre sa ville en liberté, de l’associer à la igue des Achéens, et de préférer, à l’exemple de Lysiadès, le commandement militaire d’une nation si puissante, avec l’estime et la considération publiques, à la tyrannie d’une seule ville, qui le rendait l’objet de la haine générale et l’exposait continuellement au danger. Aristomachus ne fut pas sourd à ce conseil : il fit prier Aratus de lui envoyer cinquante talents[3] afin de pouvoir payer et licencier les troupes qu’il avait auprès de lui. Aratus lui fit passer sur-le-champ cette somme ; mais Lysiadès, qui était encore général, et qui voulait que cette négociation fût regardée des Achéens comme son ouvrage, décria Aratus auprès d’Aristomachus, disant qu’Aratus était l’ennemi le plus implacable des tyrans, et cherchant à lui insinuer de remettre ses intérêts entre ses mains. Aristomachus se laissa persuader ; et Lysiadès

  1. Environ neuf cent mille francs de notre monnaie.
  2. Environ cent vingt mille francs.
  3. Environ trois cent mille francs.