Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/630

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tyran brûlait encore, dont il s’était fait comme sa femme, et auquel il avait donné le nom de Poppée, il aspirait encore à l’empire : secondé par certaines femmes et par certains personnages consulaires, il faisait dans Rome des intrigues secrètes avec ses amis ; il fit plus, il envoya en Espagne Gellianus, un de ses amis, pour observer les démarches de Galba, et examiner tout ce qui s’y passait.

Mais, après la mort de Néron, tout réussit à Galba : seul Verginius Rufus lui donnait de l’inquiétude, parce qu’il flottait entre les deux partis. Il craignait que Verginius, chef d’une armée puissante et belliqueuse, illustré d’ailleurs par sa victoire sur Vindex, maître d’une grande partie de l’empire romain et de la Gaule entière, laquelle était dans l’agitation et disposée à la révolte, ne prêtât l’oreille à ceux qui l’appelaient à l’empire. Aucun capitaine n’avait un plus grand nom ni autant de célébrité que Verginius ; plus que personne il avait influé sur le sort de l’empire, qu’il avait délivré à la fois d’une tyrannie cruelle et de la guerre des Gaules ; mais, persévérant toujours dans ses premières résolutions, Verginius laissait au Sénat le choix d’un empereur ; et, même après que la mort de Néron fut certaine, les soldats ayant renouvelé leurs instances, et un des tribuns ayant tiré son épée dans sa tente, en le menaçant de la lui passer à travers le corps s’il n’acceptait l’empire, il demeura inébranlable. Mais, après que Fabius Valens, capitaine d’une légion, eut le premier prêté serment de fidélité à Galba, et que Verginius eut appris, par des lettres de Rome, les décrets du Sénat, alors il détermina ses légions, non sans peine, à reconnaître Galba pour empereur. Il ne fit aucune difficulté pour recevoir Flaccus Hordéonius, que Galba avait envoyé pour lui succéder : il lui remit le commandement de l’armée, puis il alla au-devant de Galba, qui marchait vers Rome. Galba ne lui témoigna aucun ressentiment, parce qu’il respectait