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Page:Plutarque traduit par Jacques Amyot Vol 5.djvu/257

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qu’elle estoit grosse d’un fils qui auroit cœur de leon. On dict aussy que quelquefois ainsy comme elle dormoit en son lict, on apperceut un grand serpent estendu tout au long d elle, qui feut cause principale, à ce qu’on presume, de refroidir l’amour que luy portoit, et les caresses que luy faisoit son mary, de maniere qu’il n’alloit plus si souvent comme il avoit accoustumé auparavant coucher avecques elle, feust ou pource qu’il eust paour qu’elle ne luy feist quelques charmes et quelques sorcelleries, ou qu’il se reputast indigne d’avoir sa compaignie, ayant opinion qu’elle feust aimée et joüye de quelque dieu.

On le raconte encores en une austre sorte : c’est que les femmes de ce quartier-là de toute ancienneté sont ordinairement esprinses de l’esprit d’Orpheus et de la fureur divine de Bacchus, dont on les surnomme Clodones et Mimallones, comme qui diroit furieuses et belliqueuses, et font plusieurs choses semblables aux femmes Edoniennes et Thraciennes, qui habitent au long de la montaigne d’ÆEmus, tellement qu’il semble que ce mot de θρησκεύειν qui en language Grec signifie curieusement et superstitieusement vacquer aux ceremonies du service des dieux, ayt esté derivé d elles : et qu’Olympias aimant telles inspirations et telles fureurs divines, en les exerçant plus barbaresquement et plus effroyablement que les austres, attiroit après elle en leurs danses de grands serpents privez, lesquels se glissant souvent par entre