Page:Plutarque traduit par Jacques Amyot Vol 5.djvu/263

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ny l'argent , ains la vertu et la gloire , il estimoit que tant plus son pere luy laisseroit de grandes et glorieuses conquestes , tant moins il luy demoureroit de bien à faire par luy-mesme : et pourtant voyant que l'estat de son pere et de son empire alloit croissant tous les jours de plus en plus, il cuidoit que tout ce qu'il y avoit de beau à faire au monde se deust entierement consumer en luy ,et aymoit mieulx receuillir de luy une seigneurie , où il y eust occasion de grosses guerres, de grandes batailles, et force matiere de se faire honneur, que non pas de grands thresors, de delices, ny de grands moyens de vivre à son plaisir.

Des personnes qui l'entouroient pour son education. Or y avoit-il autour de luy , comme l'on peust penser , plusieurs personnes ordonnées pour le dresser et bien nourrie , comme gouverneurs , chambellans , maistres et precepteurs : mais Leonidas estoit celuy qui avoit la superintendance par-dessuz tous les austres, homme austere de sa nature , et parent de la royne Olympias ; mais quant à luy , il hayssoit ce nom de maistre ou precepteur , combien que ce soit une belle et honnorable charge, a raison de quoy les austres l'appelloyent le gouverneur et conducteur d'Alexandre , à cause de la dignité de sa personne , et de ce qu'il estoit parent du prince : mais celuy qui tenoit le lieu , et qui avoit le tiltre de maistre , estoit un Lysimachus , natif du païs d'Arcananie , lequel n'avoit rien de bon ny de gentil en soy; mais pource qu'il se nommoit Phœnix ,