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Page:Plutarque traduit par Jacques Amyot Vol 5.djvu/296

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perement , peasants qu il feust mort. Alexandre demoura assez long-temps sans rien respondre a cela , sentant plus de pitie de leur maulvaise fortune , que de joye de la sienne bonne : puis envoya a 1 heure mesme Leonatus devers elles , pour leur faire entendre que Darius n estoit pas mort, et qu il ne falloit point qu elles eussent paour d Alexandre , pource qu il ne faisoit la guerre a Darius que pour regner settlement : et qu au reguard d elles elles auroyent de luy tout ce qu elles avoyent de Darius , pendant qu il estoit regnant , et avoit son empire en son entier.

Si ce propos sembla doulx a ces dames prisonnieres , les effects suivirent apres , qu elles trouverent de non moindre humanite : car premierementil leur permeit d inhumer tous ceulx qu elles voulurent des seigneurs Persiens morts en la bataille , et de prendre au pillage tous les draps , joyaux et ornements qu elles vouldroyent pour honnorer leurs funerailles , et si ne leur diminua chose quelconque de tout 1 honneur, ny du nombre des officiers et serviteurs, ny de tout 1 estat qu elles avoyent auparavant, ains leur feit payer encores plus grandes pen sions qu elles ne souloyent avoir : mais la plus honnorable , la plus belle et la plus royale grace qu il feit a ces princesses prisonnieres , qui avoyent tousiours vescu en grande honnestete et grande pudicite , feut qu elles n ouyrent ny n entendirent oncques chose qui leur deust donner crainte , ou seulement souspeson de