Page:Poèmes de Renée Vivien, 1923.djvu/24

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Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes
La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
Sous tes pas, j’entendis des lyres se briser
En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes.
Parmi des flots de sons languissamment décrus,
Blonde, tu m’apparus.

Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,
D’infini, je voulus moduler largement
Un hymne de magie et d’émerveillement.
Mais la strophe monta bégayante et pénible,
Reflet naif, écho puéril, vol heurté,
Vers ta Divinité.

(Études, I, 3 ; II, 3.)


Bacchante triste

LE jour ne perce plus de flèches arrogantes
Les bois émerveillés de là beauté des nuits,
Et c’est l’heure troublée où dansent les Bacchantes
Parmi l’accablement des rythmes alanguis.