Page:Poèmes de Renée Vivien, 1923.djvu/30

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Plus froide que l’Espoir, ta caresse cruelle
Passe comme un parfum et meurt comme un reflet.
Ah ! l’éternelle faim et la soif éternelle
Et l’éternel regret !

Tu frôles sans étreindre, ainsi que la Chimère
Vers qui tendent toujours les voeux inapaisés...
Rien ne vaut ce tourment ni cette extase amère
De tes rares baisers !

(Études, I, 27 ; II, 27.)

Soir


LA lumière agonise et meurt à tes genoux.
Viens, ô toi dont le front impénétrable et doux
Porte l’accablement des pesantes années :
Douloureuse et les traits mortellement pâlis,
Viens, sans autre parfum dans ta robe à longs plis
Que le souffle des fleurs depuis longtemps fanées.

Viens, sans fard à ta lèvre où brûle mon désir,
Sans anneaux, – le rubis, l’opale et le saphir
Déshonorent tes doigts laiteux comme la lune, –
Et bannis de tes yeux les reflets du miroir...
Voici l’heure très simple et très chaste du soir
Où la couleur oppresse, où le luxe importune.