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LES TRAVAUX ET LES JOURS

Évitez ce péril, ô rois ! réformez ces jugements de la corruption, abandonnez ces voies obliques de l’iniquité.

Il travaille à sa ruine, celui qui médite celle d’autrui, et toute injuste entreprise retombe sur son auteur.

L’œil de Jupiter, qui voit tout, qui pénètre tout, s’arrête quand il lui plaît sur vos actions ; il n’ignore pas quels arrêts se rendent au sein des villes.

Non, je ne veux plus me montrer juste parmi les hommes, je ne veux plus que mon fils le soit, car c’est un mal d’être juste, si le plus injuste doit l’emporter.

Mais je ne pense pas que ce soit là la volonté de Jupiter, du dieu qui lance la foudre.

Ô Persès ! que mes paroles pénètrent au fond de ton cœur ; prête l’oreille à la voix de la justice, et oublie pour toujours les conseils de la violence. Car telle est la loi qu’a établie le fils de Saturne : il permet aux monstres de la mer, aux bêtes sauvages, aux oiseaux ravisseurs, de se dévorer les uns les autres ; ils n’ont point la justice. Mais aux humains il a donné la justice, ce don inestimable. Celui qui la connaît, qui l’annonce hautement au milieu de ses concitoyens, reçoit de Jupiter, aux regards duquel rien n’échappe, tous les biens de la fortune. Il n’en est pas ainsi du méchant, qui porte témoignage contre la vérité, qui ose profaner par des mensonges la sainteté du serment. En blessant la justice, il s’est lui-même blessé à mort : sa postérité s’efface et disparaît, tandis que le juste, fidèle au serment, laisse derrière lui une race toujours florissante.

Je t’enseignerai d’utiles vérités, ô très aveugle Per-