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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/175

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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

Il n’y a plus chez les hommes de pudeur, mais partout sur la terre se montre l’imprudence (647-648).

Méchante pauvreté, pourquoi, pesant sur épaules, déshonores-tu et mon corps et mon âme ? Tu m’enseignes, de force, malgré ma répugnance, bien des choses honteuses, à moi qui sais ce qui parmi les hommes est bon et honnête (649-652).

Puissé-je être heureux, Cyrnus, aimé des dieux immortels ! Je ne tiens à nulle autre vertu (653-654).

Quand tu éprouves quelque malheur, Cyrnus, nous nous affligeons tous avec toi ; sache pourtant que l’intérêt d’autrui est chose éphémère (655-656).

Point d’excès de douleur dans la disgrâce, de joie dans la bonne fortune : il est d’un homme de bien de savoir porter toutes choses (657-658).

Point de serment comme celui-ci : jamais cette chose ne sera ; les dieux s’en irritent, eux par qui tout s’accomplit. Ne jure pas non plus de faire une chose. On a vu du mal sortir le bien, du bien le mal ; le pauvre s’enrichir tout à coup, celui qui possédait perdre tout en une seule nuit ; le sage faillir, l’insensé rencontrer la gloire, l’honneur même échoir au méchant (659-666).

Si j’avais du bien, Simonide, ce que je sais, je ne le tairais point dans la compagnie des honnêtes gens ; mais je ne vois rien, quoique je comprenne. L’indigence m’a rendu muet ; et cependant je sais mieux que bien d’autres que la tempête nous emporte, nos voiles blanches abaissées, hors de la mer de Mélos, pendant la nuit ténébreuse ; et nul ne veut travailler à vider le vaisseau, quand les flots s’élèvent des deux côtés au-dessus du bord : qui pourra échapper au