Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
NOTICE SUR HÉSIODE

qui y règne, les regarder comme une introduction nécessaire à la Théogonie, ne saurait avoir plus d’autorité que cette dernière. Or celle-ci, qui est le côté religieux et spéculatif de la poésie hésiodique dans son ensemble, tout comme les Œuvres en sont le côté moral et pratique, porte à un bien plus haut degré l’esprit d’abstraction et de généralisation mythologique que nous y avons remarqué. Elle réduit en un système poétiquement ordonné, mais déjà presque philosophiquement élaboré, les généalogies divines jusque-là plus ou moins éparses que les prêtres ou les poètes, y compris Homère, avaient d’âge en âge imposées aux Grecs comme les articles de foi de leur religion ; elle les surmonte d’une cosmogonie, ou les premiers philosophes de la Grèce, les physiciens d’Ionie, depuis Thalès, allèrent justement chercher la base de leurs théories sur l’origine du monde ; elle les soumet à une conception fondamentale qui fait la véritable unité de l’ouvrage, unité qui en donne le plan, qui en domine les principaux développements[1].


« D’où est né chacun des dieux ? S’ils ont tous existé toujours, quelles sont les figures qui les caractérisent ? Les Grecs l’ont ignoré longtemps ; ils ne le savent, pour ainsi dire, que d’hier.

  1. Nous insérons ici la dissertation particulière où M. Guigniaut s’est attaché à démontrer l’unité de la Théogonie et à faire ressortir la grandeur épique de son ordonnance.