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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

templer l’éclat du soleil ; on est un objet d’aversion pour les jeunes gens, de mépris pour les femmes, tant la divinité a rendu affreuse la vieillesse.

III

Pour nous, comme les feuilles que fait pousser le printemps, lorsque s’accroît l’éclat du soleil, semblables à elles, nous jouissons des fleurs de la jeunesse, sans avoir appris des dieux où est le bien où est le mal. Mais voici que les sombres Parques se présentent à nous, nous apportant une misérable vieillesse et la mort. Nous jouissons peu de temps de nos jeunes années, de même que le soleil brille peu de temps sur la terre. Aussitôt qu’elles sont terminées, il vaut mieux mourir sur le champ que de continuer à vivre. Car mille maux assiègent notre âme ; parfois nous sommes ruinés et en proie à une douloureuse pauvreté ; un autre a perdu ses enfants, et c’est accablé de chagrin qu’il quitte la terre pour descendre aux enfers. Un autre a une maladie qui lui ôte la raison. Il n’est pas un homme auquel Jupiter n’envoie mille maux.

IV

Le plus beau des hommes, lorsque la saison aura changé, ne sera plus cher ni à ses enfants, ni à ses amis.

V

Jupiter a fait présent à Tithon d’un mal éternel, la vieillesse, qui est plus terrible que la mort.