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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

vent à Salamine et s’en emparent. Ce récit semble confirmé par ce qui se pratiquait anciennement à Athènes. Tous les ans un vaisseau partait de cette ville et se rendait sans bruit à Salamine. Des habitants de l’île venaient tumultuairement au-devant du vaisseau : alors un Athénien s’élançant sur le rivage, les armes à la main, courait en jetant de grands cris, vers cette troupe qui venait de la terre, du côté du promontoire de Scirade, près duquel on voit encore un temple de Mars que Solon fit bâtir après avoir vaincu les Mégariens. Tous ceux qui n’avaient pas péri dans le combat furent renvoyés aux conditions qu’il plut à Solon de leur prescrire.

Cependant les Mégariens s’obstinaient à vouloir reprendre Salamine. Mais enfin les deux peuples après avoir souffert réciproquement autant de maux qu’ils avaient pu en faire, prirent les Lacédémoniens pour arbitres et s’en rapportèrent à leur décision. On dit généralement que Solon, dans cette dispute, s’appuya sur l’autorité d’Homère ; que, le jour du jugement, il cita un vers de l’Iliade, tiré du dénombrement des vaisseaux, auquel il en ajouta un autre de sa façon :

« Ajax amenait douze vaisseaux de Salamine ; il les arrêta à l’endroit où se tenaient les phalanges des Athéniens. »

Mais les Athéniens traitent ce récit de conte puéril ; ils assurent que Solon prouva clairement aux juges que Phyléus et Eurysacès, fils d’Ajax, ayant reçu le droit de cité à Athènes, firent