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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

Athéniens, qui s’étaient attendus à autre chose.

« Ils avaient eu alors de vaines espérances, et maintenant, irrités contre moi, ils me regardent avec colère comme un ennemi. »

Mais, ajoute-t-il, tout autre avec la même autorité « n’aurait pas agi avec autant de modération et ne se serait pas arrêté avant d’avoir jeté le trouble partout et enlevé la crème du lait. »

Toutefois les Athéniens ne tardèrent pas à reconnaître l’utilité de cette loi ; ils cessèrent de murmurer, firent en commun un sacrifice qu’ils appelèrent le sacrifice de la décharge, confirmèrent à Solon le titre de législateur et le chargèrent de réformer le gouvernement. Ils lui conférèrent pour cela un pouvoir si illimité, qu’il se trouva maître des charges, des assemblées, des délibérations et des jugements ; qu’il pouvait créer tous les officiers publics, régler leurs revenus, leur nombre, la durée de leur administration et révoquer ou confirmer à son gré tout ce qui avait été fait avant lui.

Il commença par abroger toutes les lois de Dracon, excepté celles qui regardaient le meurtre : excessivement sévères dans les punitions, elles ne prononçaient qu’une même peine pour toutes les fautes : c’était la peine de mort. Ceux qui étaient convaincus d’oisiveté, ceux qui n’avaient volé que des légumes ou des fruits, étaient punis avec la même rigueur que les sacrilèges et les homicides. Aussi, dans la suite, Démade disait-il avec raison que Dracon avait écrit ses lois non avec de l’encre, mais avec du sang. Quand