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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

les Œuvres et Jours ; là religieux et poétiquement spéculatif dans la Théogonie ; ailleurs, exclusivement généalogique et mystique, historique même, au sens de ces temps reculés.

Sans doute les ouvrages que la tradition vulgaire mettait sur le compte d’Hésiode, ne sauraient tous lui être rapportés au même titre ; la plupart sont de ses successeurs et lui ont été attribués, soit par eux-mêmes dans une vue quelconque, pieuse ou intéressée ; soit par la crédulité des peuples, qui confondit le maître et les disciples dans une admiration commune, soit enfin par les Rhapsodes, ces livres vivants, qui faisaient remonter indistinctement les chants transmis par eux d’âge en âge jusqu’à la source de cette inspiration puissante dont ils semblaient autant d’émanations. C’est là précisément le génie de ces écoles antiques de poésie, génie tout à fait d’accord avec celui de l’époque qui les vit fleurir. Il se peut donc, à la rigueur, que la Théogonie, ainsi que les Béotiens d’Ascra le racontèrent à Pausanias, ne fût pas de l’auteur des Œuvres et Jours, qu’ils reconnaissent comme le seul poème authentique d’Hésiode, leur compatriote. Peu importe au fond que la Théogonie soit d’Hésiode ou d’un autre lui-même, qu’elle appartienne à la même date que les Œuvres ou à une date un peu plus récente. Plutarque, Béotien aussi, est en opposition sur ce point avec Pausanias, et les chefs de la première école critique d’Alexandrie, les Zénodote, les Aristophane et les Aristarque, ceux même qui ne balançaient pas à traiter d’apocryphe la compilation poétique