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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

la faire taire ni s’il la menace, ni si dans sa fureur il lui brise les dents d’un coup de pierre, ni s’il la flatte par de douces paroles, ni s’il lui fait prendre place au milieu de ses hôtes ; elle ne cesse de crier sans motif.

Les dieux ont formé cette autre du limon de la terre et ont fait d’elle un fardeau insupportable à son mari ; elle ne connaît ni le bien ni le mal ; elle n’a qu’une occupation, bien manger, et elle est si paresseuse que, quand l’hiver se fait sentir et qu’elle a froid, elle n’approche même pas son siège de la cheminée.

Vois maintenant celle qui est née de la mer : tantôt joyeuse, elle rit tout le jour ; l’hôte qui la voit dans sa maison fait son éloge : « Nulle part, il n’y a de femme préférable à celle-là ; il n’y en a pas de plus belle ; » tantôt elle est insupportable ; elle n’est ni à voir, ni à aborder ; elle est furieuse et semblable à une chienne couchée près de ses petits ; elle devient désagréable, aussi déplaisante à ses amis qu’à ses ennemis. Souvent elle est comme la mer qui, pendant l’été, calme et tranquille, fait la joie des matelots ; souvent aussi c’est la mer en fureur, aux flots bouillonnants.

Telle est la nature de la femme qui est née de la mer ; elle aussi est inégale et changeante.

Celle qui est formée de la cendre ou d’un âne habitué aux mauvais traitements ne cède, quand il faut travailler, qu’à la nécessité et aux menaces ; cachée dans un coin, elle mange bien avant dans la nuit, elle mange tout le jour, elle mange jusqu’au soir ; pour le doux commerce de Vénus, elle prend le premier homme qui se présente à elle.

Celle qui est née de la belette est d’une race malheureuse ; chez elle rien de beau, rien de désirable,