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NOTICE SUR HÉSIODE

se rattache étroitement à la victoire des dieux sur les Titans.

Non pas, au reste, que cet épisode trouble la suite des idées autant que l’économie poétique de l’ouvrage. On peut y reconnaitre au fond, quels que soient les torts de la forme, un dernier effort des puissances désorganisatrices pour détruire l’ordre naissant du monde par l’action irrégulière et violente des vents, des ouragans, des volcans surtout. Déjà, dans certains détails de la guerre des Titans, dans le lieu même de ces grands combats de la nature qui se passent sur la terre, en Grèce, en Thessalie, il est difficile de ne pas soupçonner, comme on l’a fait, quelques allusions aux catastrophes physiques dont ces lieux furent le théâtre à des époques reculées. Mais ce n’est pas là, selon nous, l’idée principale qu’il faut y voir, celle qui se lie intimement à la conception symbolique de la Théogonie. Nous l’avons déjà dit, la lutte de Jupiter et des dieux Olympiens contre Cronos et les Titans, ses frères, c’est l’action fondamentale, c’est le pivot du poème, vers lequel toutes ses parties gravitent plus ou moins, qui en forme le nœud, qui en prépare le dénoûment. Cette lutte est annoncée dès le début et plus d’une fois rappelée dans le cours des développements. C’est qu’en effet c’est elle qui marque la grande époque, le moment solennel de l’histoire du monde, dont la destinée dépend de son issue. Tous les dieux anciens et nouveaux y sont engagés ; Ouranos et Géa eux-mêmes figurent sur l’arrière-plan ; le Tartare, le Chaos sont près de reparaître dans le boulever-