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NOTICE SUR HÉSIODE

dont il a les Heures ou Saisons, et les Mœres ou Parques, désormais puissances intelligentes, de filles aveugles de la Nuit qu’elles étaient d’abord. Enfin d’Eurynome et de Mnémosyne naissent par lui les Grâces et les Muses, les charmes les plus doux, les plus beaux ornements de la création.

Nous ne pousserons pas plus loin notre analyse ; nous en avons dit assez pour justifier notre thèse, pour mettre en évidence cet organisme vivant et d’ordonnance et de conception qui nous frappe dans la Théogonie d’Hésiode. Ce qui suit d’ailleurs est secondaire par rapport au but principal du poète, qui était de fonder sur l’histoire même du monde et sur les lois nécessaires de son développement l’autorité des croyances publiques, des symboles et des mythes nationaux, éléments intégrants de la religion des Hellènes, objets exclusifs de leur culte, et pour cette raison beaucoup plus anciens que la plupart de ceux dont nous avons eu à nous occuper. Car nous pensons ce qu’a exprimé l’un des hommes qui ont répandu le plus de vraie lumière sur ce sujet difficile, O. Müller : « On peut dire qu’ici, dans la réalité historique des choses, les enfants ont engendré leurs pères. »


Du reste, tout en déclarant que la Théogonie, même dans son état actuel, représente à nos yeux l’essor le plus élevé, le fruit le plus beau, de l’école de poésie didactique à laquelle elle appar-