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LE BOUCLIER D’HERCULE
POÈME D’HÉSIODE
TRADUIT PAR M. PATIN
de l’Académie française[1]





… Telle encore, quittant la maison de son père, la terre de sa patrie, suivit à Thèbes Amphitryon, ce valeureux guerrier, Alcmène, cette fille du belliqueux roi Électryon. Elle surpassait tout son sexe par la beauté de son visage et la majesté de sa taille ; pour la prudence, nulle ne lui en eût disputé le prix, de toutes les filles que de mortelles compagnes ont données à des mortels ; de sa tête, de ses noires paupières, rayonnait un charme semblable à celui de la belle Aphrodite ; et toutefois, au fond de son cœur, elle honorait son époux plus que jamais n’honora le sien aucune femme. Il lui avait ravi son généreux père, frappé par lui dans un mouvement de colère, pour des troupeaux ; et, forcé de fuir sa terre natale, il était venu à Thèbes

  1. La Théogonie intéressant particulièrement la science mythologique, le traducteur avait jugé indispensable de conserver scrupuleusement aux noms des dieux et des héros leur forme grecque. Il ne lui a pas paru qu’il y eût une égale nécessité de le faire, contrairement à l’usage reçu, en traduisant les autres poèmes d’Hésiode, d’un intérêt seulement épique et didactique.