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POÉSIES

Dans le doux loisir que vous donne
L’heureux retour d’une santé
Qui doit vous faire voir encor plus d’une automne,
Écoutez-moi, voici ce qu’on m’en a conté.
Un dieu de votre connaissance,
Capricieux, cruel, et qu’on appelle amour,
À la nymphe aux cent voix demandait l’autre jour :
Que fait-on maintenant en France ?
Car vous n’ignorez pas, je pense,
Que je n’habite plus dans ce charmant séjour.

Ce qu’on y fait ? répondit-elle,
Louis, dont autrefois vous étiez satisfait,
S’y prépare à punir l’audace criminelle
Des nombreux ennemis que sa gloire lui fait.
Le goût pour ces sortes d’ouvrages
Qu’inspirent les savantes sœurs,
S’y perd faute de protecteurs ;
On y fait peu de cas de vos doux badinages ;
Le vin, le jeu, la chasse, y paraissent meilleurs ;
Et le petit nombre des cœurs
Pour qui le mérite à des charmes
Y sent pour Montausier les plus vives alarmes ;
Il a de mortelles langueurs.