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DIVERSES

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Réflexions morales

sur l’envie immodérée de faire passer son
nom à la postérité.

La savante Chéron, par son divin pinceau,
Me redonne un éclat nouveau ;
Elle force aujourd’hui les grâces,
Dont mes cruels ennuis et mes longues douleurs
Laissent sur mon visage à peine quelques traces,
D’y venir reprendre leurs places :
Elle me rend enfin mes premières couleurs.
Par son art la race future
Connaîtra les présens que me fit la nature :
Et je puis espérer qu’avec un tel secours,
Tandis que j’errerai sur les sombres rivages,
Je pourrai faire encor quelque honneur à nos jours.
Oui, je puis m’en flatter ; plaire et durer toujours,
Est le destin de ses ouvrages.

Fol orgueil, et du cœur humain
Aveugle et fatale faiblesse,
Nous maîtriserez-vous sans cesse ?