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DIVERSES

Je laisserai conter de sa source inconnue
Ce qu’elle a de prodigieux,
Sa fuite, son retour, et la vaste étendue
Qu’arrose son cours furieux.
Je suivrai le penchant de mon âme enflammée :
Je ne vous ferai voir dans ces aimables lieux
Que Laure tendrement aimée,
Et Pétrarque victorieux.

Aussi bien de Vaucluse ils font encor la gloire :
Le temps qui détruit tout respecte leurs plaisirs :
Les ruisseaux, les rochers, les oiseaux, les zéphyrs
Font tous les jours leur tendre histoire.
Oui, cette vive source, en roulant sur ces bords,
Semble nous raconter les tourmens, les transports
Que Pétrarque sentait pour la divine Laure.
Il exprima si bien sa peine, son ardeur,
Que Laure, malgré sa rigueur,
L’écouta, plaignit sa langueur,
Et fit peut-être plus encore.

Dans cet antre profond, où, sans autres témoins
Que la naïade et le zéphyre,
Laure sut, par de tendres soins,
De l’amoureux Pétrarque adoucir le martyre :