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POÉSIES

Après tout c’est une faiblesse
À nous de n’oser coqueter :
Sur ce point pourquoi nous flatter,
Les matous coquètent sans cesse ;
C’est là leur vrai talent, à quoi bon le cacher,
Il n’est point de chatte Lucrèce,
Et l’on ne vit jamais de prude en notre espèce,
Cela soit dit sans vous fâcher.
Coquetons, cherchons à nous plaire,
Puisque le sort le veut ainsi ;
En un mot aimons-nous, nous ne saurions mieux faire :
Vous avez de l’esprit, j’en ai sans doute aussi,
Je crois que je suis votre affaire.
Avec moi votre honneur ne court aucun danger,
C’est un malheur dont quelquefois j’enrage,
Et c’est pour vous, Grisette, un petit avantage ;
Car, s’il est vrai que vous soyez si sage,
Je n’aurais pu vous engager.
Ah ! vous m’entendez bien ; mais changeons de langage,
Je pourrais vous désobliger.
Eh bien ! ma chère Grisette,
Établissons un commerce entre nous ;
Foi de matou, vous serez satisfaite
Des respects que j’aurai pour vous.

FIN.