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POÉSIES.

ODE
À M. LE DUC DE BELLEGARDE,


Grand-Écuyer de France
1608.


À la fin, c’est trop de silence
En si beau sujet de parler :
Le mérite qu’on veut celer
Souffre une injuste violence.
Bellegarde, unique support
Où mes vœux ont trouvé leur port,
Que tarde ma paresse ingrate,
Que déjà ton bruit nonpareil
Aux bords du Tage et de l’Euphrate
N’a vu l’un et l’autre soleil ?

Les Muses hautaines et braves
Tiennent le flatter odieux,
Et comme parentes des dieux
Ne parlent jamais en esclaves ;
Mais aussi ne sont-elles pas
De ces beautés dont les appas
Ne sont que rigueur et que glace,
Et de qui le cerveau léger,