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POÉSIES.

Tant de fleurs de tant de côtés
Faisant paroître en leurs beautés
L’artifice de la nature,
Qu’il tient suspendu son désir,
Et ne sait en cette peinture
Ni que laisser, ni que choisir :

Ainsi, quand pressé de la honte
Dont me fait rougir mon devoir,
Je veux une œuvre concevoir
Qui pour toi les ages surmonte,
Tu me tiens les sens enchantés
De tant de rares qualités
Où brille un excès de lumière,
Que plus je m’arrête à penser
Laquelle sera la première,
Moins je sais par où commencer.

Si nommer en son parentage
Une longue suite d’aïeux
Que la gloire a mis dans les cieux
Est réputé grand avantage,
De qui n’est-il point reconnu
Que toujours les tiens ont tenu
Les charges les plus honorables,
Dont le mérite et la raison,
Quand les Destins sont favorables,
Parent une illustre maison ?