Page:Poésies de Malherbe.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
LIVRE II.


SONNET
Pour la même.

1608.


Il n’est rien de si beau comme Caliste est belle :
C’est une œuvre où nature a fait tous ses efforts ;
Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors,
S’il n’élève à sa gloire une marque éternelle.

La clarté de son teint n’est pas chose mortelle :
Le baume est dans sa bouche, et les roses dehors ;
Sa parole et sa voix ressuscitent les morts,
Et l’art n’égale point sa douceur naturelle.

La blancheur de sa gorge éblouit les regards ;
Amour est dans ses yeux, il y trempe ses dards,
Et la fait reconnoître un miracle visible.

En ce nombre infini de grâces et d’appas,
Qu’en dis-tu, ma Raison ? Crois-tu qu’il soit possible
D’avoir du jugement et ne l'adorer pas ?