Page:Poésies de Malherbe.djvu/255

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LIVRE III. 211 Voyez des bords de Loire et des bords de Garonne Jusques à ce rivage où Thétis se couronne De bouquets d’orangers, A qui ne donnez-vous une heureuse bonace, Loin de toute menace Et de maux intestins, et de maux étrangers ? Où ne voit-on la paix, comme un roc affermie, Faire à nos Géryons détester l'infamie De leurs actes sanglants ; Et la belle Cérès, en javelles féconde, Ôter à tout le monde La peur de retourner à l’usage des glands ? Aussi dans nos maisons, en nos places publiques, Ce ne sont que festins, ce ne sont que musiques De peuples réjouis ; Et que l'astre du jour ou se lève ou se couche, Nous n’avons en la bouche Que le nom de Marie : et le nom de Louis. Certes une douleur quelques âmes afflige, Qu’un fleuron de nos lis séparé de sa tige Soit prêt å nous quitter ; Mais, quoi qu’on nous augure et qu’on nous fasse craindre Élise(1) est-elle à plaindre D'un bien que tous nos vœux lui doivent souhaiter ?

1. La princesse Élisabeth. ÉDIT.