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STANCES.

1596.


Enfin cette beauté m’a la place rendue[1],
Qu’elle avoit contre moi si long-temps défendue ;
Mes vainqueurs sont vaincus ; ceux qui m’ont fait la loi,
La reçoivent de moi.

J’honore tant la palme acquise en cette guerre,
Que si, victorieux des deux bouts de la terre,
J’avois mille lauriers de ma gloire témoins[2],
Je les priserois moins.

Au repos où je suis tout ce qui me travaille,
C’est le doute que j’ai qu’un malheur ne m’assaille
Qui me sépare d’elle, et me fasse lâcher
Un bien que j’ai si cher.

  1. Ce genre de strophe à rime plate, composée de trois grands vers et d’un petit, est malheureux et fade à l’oreille. Ce n’est pas le seul exemple qu’il y en ait dans Malherbe. A. Chénier.
  2. Ce vers peut avoir fait naître le beau vers de Bérénice :
    « Et ces lauriers encor témoins de sa victoire. »
    A. Chénier.