Page:Poésies de Schiller.djvu/104

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au temple éclatant de la renommée ? Quand le ver ronge les fleurs, qui serait assez insensé pour croire qu’il ne périra jamais ? Qui pourrait espérer une immortelle durée, quand le jeune homme meurt ?

Dans la joie de la jeunesse, dans les roses de la vie, ses jours s’écoulaient si gaiement ! Le monde entier, le monde était pour lui si doux ! l’avenir avait pour lui tant de magie et l’existence brillait à ses yeux comme un rêve doré. Déjà, lorsque sa mère pleurait sur lui, lorsque l’empire des morts s’ouvrait sous ses pieds, lorsque la Parque coupait le fil de cette destinée et que la terre et le ciel s’effaçaient à ses yeux, il repoussait avec angoisse la pensée de la mort. Le monde apparaît si doux à ceux qui meurent !

Muette et sourde est l’étroite demeure, profond est le sommeil de ceux qu’on y ensevelit. Frère, toutes tes espérances sont à jamais éteintes ; le soleil dardera ses rayons sur ta tombe ; mais tu ne sentiras pas leur chaleur. La brise balancera les fleurs de ton cercueil ; mais tu n’entendras pas son léger murmure. Jamais l’amour n’animera ton regard, jamais tu n’embrasseras ta fiancée, jamais nos larmes ne te rappelleront à la vie, ta paupière est pour toujours fermée.

Mais doux est ton sommeil, calme sera ton repos dans le sépulcre. Là, le chagrin expire aussi avec la